Homme de réseaux, l’ancien patron de Dijon Céréales préside aujourd’hui aux destinées de Vitagora, pôle de compétitivité qui fait rayonner l’agriculture et l’alimentation made in Bourgogne-Franche-Comté dans le monde entier. Rencontre avec Pierre Guez.
S’il y a bien un patron qui est fier de sa région, c’est lui. Pierre Guez. Lui, l’entrepreneur né dans le Doubs et installé dans la ruralité côte d’orienne – n’incarna-t-il pas la fusion des régions avant même qu’elle existât ? –, devenu le directeur général d’une des plus belles coopératives de France, Dijon Céréales, et le dirigeant d’une des plus puissantes unions céréalières de France, In Vivo. Il est encore tout jeune quand il forge sa conviction que la coopération est l’avenir de l’agriculture céréalière française.
Alors patiemment, parti de la petite coopérative de Darcey, il convainc un à un les dirigeants des coop locales qu’il faut se regrouper, pour relever les défis de demain. Pour réussir la qualité, l’export, pour mener les investissements indispensables, pour peser, il faut faire corps. Par exemple, pour créer à Pagny et à Fos-sur-Mer les silos à grains dont la Bourgogne-Franche-Comté a besoin pour expédier son blé vers le grand export, Pierre Guez réussit le tour de force de fédérer 13 des 16 coopératives de la région, donnant naissance au cinquième acteur français du secteur. « On a secoué le cocotier », résume, avec la gouaille qui le caractérise, l’homme qui s’est battu toute sa vie pour réunir des gens qui, au départ, n’avaient aucunement l’intention de se serrer les coudes.
Les atouts de Pierre Guez
Une fine connaissance du métier, de solides arguments, et puis ce franc-parler et cette force de conviction qui ébranleraient des montagnes. « Quand Pierre parle, on l’écoute », dit de lui un de ses amis. Alors qu’il a quitté les fonctions de directeur général de Dijon Céréales en 2018 après quarante ans de combat incessant, il poursuit son travail auprès des coopératives, avec la casquette de président – il est à la manœuvre par exemple pour la prise de contrôle de Soufflet, le numéro un français, par le réseau de In Vivo, qui permettra la constitution du numéro deux européen. Et bien sûr avec sa casquette de président de Vitagora.
Pour le pôle de compétitivité basé à Dijon, il met en œuvre les mêmes principes : pour rayonner, il faut briller plus fort, donc être plus nombreux. « Combien de divisions ? », demandait l’autre. Bourguignon, franc-comtois, Vitagora est, depuis 2012, également francilien. Et l’ambition est, plus que jamais, internationale : « Nous accompagnons la création d’un cluster en Ukraine. Nous sommes présents aux États-Unis, au Canada, en Russie, à travers des partenariats avec des entreprises ou des centres de recherche. Et nous avons ouvert des bureau à Kumumato, au Japon, ainsi qu’à Kigali, au Rwanda. » Au Rwanda ? Oui parce que Pierre Guez, toujours au bon moment au bon endroit, a croisé la route d’un dirigeant de réseau, qui l’a mis en relation avec un conseiller à l’ambassade, à qui il sut expliquer que la création d’un écosystème alimentaire, à Vitagora, on sait faire. Il aurait pu faire de la politique, Pierre, non ? « Surtout pas ! Il faut savoir prendre les bonnes idées là où elles sont ! »
Déjà à la Cité de la gastronomie
Ambassadeur hors pair de son territoire et de ses savoir-faire, Pierre Guez projette ses équipes dans le monde entier… mais n’oublie jamais ses racines. « Ici, nous travaillons avec les acteurs du terrain et avec nos villes. » Il rappelle le projet engagé avec la commune de Melun, il glisse qu’il s’en prépare un autre à Auxerre. Et puis, à Dijon, il y a cet écosystème pour une alimentation durable, qu’il est allé à défendre au ministère avec François Rebsamen, pour décrocher le label « Territoire d’innovation de grande ambition » (Tiga). Et puis bien sûr le nouveau siège de Vitagora, au cœur de la Cité internationale de la gastronomie et du vin. Plus de six mois avant l’ouverture de la Cité, le pôle de compétitivité y est déjà, avec toutes les start-ups hébergées par le Village by CA, et avec la FoodTech Dijon Bourgogne-Franche-Comté. Y être avant les autres. C’est bien du Pierre Guez, ça.
Pour lire plus d’articles cliquez ici Consulter nos magazines
A découvrir également sur nos réseaux sociaux :