Pierre de Pelet a ouvert une épicerie au coeur de Dijon, achalandée uniquement par des producteurs de la région. Ça s’appelle Papilles et ça cartonne, du coup on est allés y faire un saut et on n’a pas regretté.
Dans sa jolie boutique, Pierre de Pelet met en valeurle travail des paysans et des artisans de Bourgogne-Franche-Comté.
Ici, le quinoa en vrac vient de l’Yonne, les produits à base de sarrasin de l’Auxois, le lait du Châtillonnais, le jambon, la charcuterie et le pain d’épices du Morvan, les légumes de Quetigny ou de la Haute-Saône, les biscuits de Montbozon, le vinaigre de Dijon et l’anis de Pontarlier (forcément). Autrement dit, chez Pierre de Pelet, le circuit court n’est pas un mythe. « Quand j’ai ouvert la boutique, en juin 2018, j’avais identifié une centaine de producteurs partenaires, tous de Bourgogne-Franche-Comté. Aujourd’hui, ils sont 140. » Il s’autorise à aller chercher le riz en Camargue, mais, pour le reste, le pari est tenu. Même les pâtes sont d’origine bourguignonne. La proximité fait mouche. « J’habite dans le quartier Drapeau, je viens ici car c’est du local. Et souvent bio en plus », confie cette cliente tout en glissant une botte de carottes du val de Saône dans son panier. Le circuit court, c’est donc le truc de Pierre de Pelet. Contre toute attente. Car ce monsieur est parisien, au départ. Sauf qu’il s’est senti très jeune attiré par le monde rural, au point de faire un lycée agricole puis un BTS. Il poursuit avec vers des études commerciales, à Lyon, avec une option internationale qui l’amène à courir le monde – Afrique, Asie, Amérique. Sa première vie professionnelle, il la passe en Chine : cinq ans là-bas à travailler dans de grandes entreprises des filières métallurgique, textile ou agroalimentaire. De retour en France en 2012, il intéresse Seb, fortement implanté en Chine. Et voilà donc Pierre de Pelet qui pose ses valises à Selongey, où il est chargé de la gestion des flux internationaux. Durant ces années, avec son épouse originaire de Bretagne, il découvre la richesse incroyable de la région. « Je rencontre des producteurs formidables, mûs par le goût et la passion du métier. Il y a des histoires à raconter, celles des gens qui travaillent ici et de leurs terroirs. » À la naissance de sa première fille, Pierre de Pelet prend conscience que sa vie n’est définitivement pas dans un bureau et qu’il doit construire un projet en phase avec ses idéaux. Pendant deux ans, il parcourt la région et démarche des producteurs. Il trouve un beau local, à deux pas de la place du Théâtre, refait la déco, « chaleureuse et accueillante », et ouvre cette boutique aux airs de mini-marché permanent.
Le démarrage a été bon. Papilles a trouvé sa clientèle, urbaine et hétéroclite – des habitants du quartier, des habitués du marché quand celui-ci est fermé, des gens acquis à la cause d’une consommation plus vertueuse, des étudiants venus se fournir à prix doux, une grand-mère adepte du crottin de l’Auxois ou encore ce Dijonnais qui ne jure que par la crème de cassis Briottet et un aligoté bio pour faire son kir. Pierre de Pelet, toujours à l’affût d’une bonne adresse où se fournir, a réussi son pari : mettre en valeur dans sa jolie boutique « le travail des paysans et des artisans ». Éco-responsable et gourmet, Pierre de Pelet est aussi du genre solidaire. Il s’approvisionne dans des établissements d’aide par le travail, par exemple pour les légumes, les jus de fruits, les confitures, le poulet bio. Le café est offert le matin à ceux qui le souhaitent. Si avec tout ça vous ne devenez pas fan de Papilles…
5, rue Vaillant à Dijon – papilles.org